365 nuits, 365 jours, et la lune aussi...
Un an déjà, jour pour jour, heure pour heure,
merci à vous....
Pablo Neruda pour commencer,
alors un nouvel extrait du Chant général, poème fleuve, poème vie, poème continent,
l'Amérique du Sud, terres hommes forêts montages en une texte halluciné...
JE NE PRONONCE PAS EN VAIN TON NOM,
O AMERIQUE
I - D'en haut
L'espace parcouru, l'air
indéfinissable la lune des cratères,
la lune sèche répandue
sur les cicatrices,
le trou calcaire de la tunique déchirée,
les branches de veines gelées, la panique du quartz,
du blé, de l'aurore,
les clefs allongées sur les roches secrètes,
la ligne terrifiante
du Sud écartelé,
le sulfate endormi dans sa stature
de longue géographie,
et les assemblages turquoise
roulant autour du jour tranché
du bouquet acre toujours en fleurs,
de la spacieuse nuit de l'épaisseur.
IV - Les climats
Du peuplier tombent, à l'automne,
les hautes flèches, l'oubli rénové :
les pieds s'enfoncent dans sa pure courtepointe ;
le froid des feuilles irritées
est une haute source d'or,
et un éclat d'épine place aux abords du ciel
les candélabres secs aux tailles hérissées,
le jaguar jaune, entre ses griffes,
renifle une goutte vivante.
Pablo Neruda, Chant général, nrf Poésie/Gallimard