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Chapichapo
12 août 2007

Arthur le rouge et Nicolas le mort

Il est des femmes et des hommes dont le parcours dans la vie ne peut laisser indifférent, il est des personnalités, des êtres humains véritables, et alors, que l'on soit d'accord ou non, une forme de respect et d'admiration s'impose. C'est tout au moins le sentiment que j'éprouve parfois...

Je viens de découvrir, et suis en train de terminer, Un testament espagnol de Arthur KOESTLER. Et touché par ce livre, j'ai juste lu sa bio sur Wikipedia et je vous laisse découvrir les quelques lignes qui suivent. Juste un mot de contexte : 1937, au coeur de la guerre civile espagnole. Koestler est alors journaliste pour le compte du News Chronicle, journal anglais et couvre ce conflit. Il décide de rester dans Malaga qui va tomber aux mains des troupes de Franco. Arrêté après la chute de la ville, il se retrouve emprisonné et condamné à mort, pour divers articles critiques sur Franco et certains de ses collaborateurs. Il est alors un rouge dans une ville tenue par des fascistes...

C'est en prison qu'il croise Nicolas, quelques minutes de rencontre dans la cour lors des promenades, et un jour Nicolas n'est plus là. Nous sommes le mercredi 14 avril 1937, date anniversaire de la proclamation de la république espagnole.

"Repose en paix, Nicolas. Espérons que cela s'est vite passé et qu'ils ne t'ont pas fait trop mal. Ils ont choisi une date solennelle pour ton exécution. Quel drapeau arborent les consulats ?
Tu étais petit, maigre et chétif, obscur paysan andalou aux yeux bleus un peu proéminents, un des pobles et des humildes ; ce livre t'est dédié.
Que t'importe ? Tu ne pourrais pas le lire, même si tu vivais. C'est bien pour cela qu'ils t'ont fusillé : parce que tu avais ce désir insolent d'apprendre à lire. Toi et des millions de tes pareils qui aviez saisi vos vieilles armes pour défendre un ordre nouveau qui plus tard vous aurait peut être appris à lire.
C'est cela qu'on appelle insurrection en armes. Nicolas. C'est cela qu'on appelle la main de Moscou, Nicolas. C'est cela qu'on appelle les instincts de la plèbe, Nicolas, qu'un petit paysan comme toi veuille apprendre à lire et à vivre comme un homme.
Mon Dieu, ils auraient dû t'envoyer vraiment à Genève, dans une cage, portant cette écriteau :
"Ecce home 1937" - et vous ne vous en souciez pas, vous ne vous en souciez pas."

Ecce homo, voici l'homme, c'est par ces mots - dit-on - que Ponce Pilate présente Jésus battu et couronné d'épines à la foule qui vient le contempler... Nicolas, aurais-tu pu imaginer que tu puisses devenir une icône ?

Comme je reste une sorte de romantique en toc, comme les femmes et les hommes qui ont lutté et qui luttent pour leur liberté, leurs droits, m'impressionnent toujours, moi qui suis vautré dans le confort et qui ne m'engage guère, je voulais avoir cette pensée pour ce Nicolas, mort quasi anonyme de cette guerre, et remercier Koestler de lui avoir donné - quelle consolation ! - cette existence dans ma tête...

Et bravo et courage à tous les Nicolas du monde qui luttent aujourd'hui (ce prénom prend une consonance curieuse pour la France d'aujourd'hui, mais le réhabiliter à travers le Nicolas espagnol de 1937 est également une joie !)

¡ No pasaran ! ce cri reste plus que jamais d'actualité...

Koestler

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Commentaires
T
Puisque que l'on cause de lectures de vacances, mon livre de chevet c'est les Monarchies Divines de Paul Kearney.... Après cet instant de réflexion que vous inspire ce titre qui donne l'impression que cette lecture est d'une incommensurable profondeur, je suis dans l'obligation d'avouer qu'il n'en est rien et que c'est de la bonne et pure héroïque fantasy... Qu'est ce que cela a à voir avec Nicolas et ses semblables ? Pas grand chose si ce n'est qu'en filigrane on y fustige la tendance irrepressible des hommes à guerroyer pour des histoires de prééminence religieuse...<br /> Merci à Chapichapo de nous permettre de nous élever, pauvres lecteurs d'en bas que nous enfin je suis...<br /> Moult Joies<br /> Bison
F
... mais mon bouquin des vacances, c'est Le chanteur de Tango de Tomas Eloy Martinez. Et pour la critique, il faudra le lire...Juste un livre pour avoir encore plus envie d'aller en amérique du sud et pour avoir encore plus envie de danser des tangos endiablés...
Chapichapo
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