Des raisons, y a plein...

D'abord parce que c'est beau et bien,
et aussi parce que c'est le printemps des poètes,
et enfin que 2007 marque le centenaire de la naissance de René CHAR,

des extraits de René Char...

Ce qui m'a mis au monde et qui m'en chassera n'intervient qu'aux heures où je suis trop faible pour lui résister. Vieille personne quand je suis né. Jeune inconnue quand je mourrai.

La seule et même Passante.

Feuillets d'Hypnos (1943-1944)

Dis...

Dis ce que le feu hésite à dire
Soleil de l'air, clarté qui ose,
Et meurs de l'avoir dis pour tous.

Les loyaux adversaires

Le poète, conservateur des infinis visages du vivant.

Comment vivre sans inconnu devant soi ?
    Les hommes d'aujourd'hui veulent que le poème soit à l'image de leur vie, faite de si peu d'égards, de si peu d'espace et brûlée d'intolérance.
    Parce qu'il ne leur est plus loisible d'agir suprêmement, dans cette préoccupation fatale de se détruire par son semblable, parce que leur inerte richesse les freine et les enchaîne, les hommes d'aujourd'hui, l'instinct affaibli, perdent, tout en se gardant vivants, jusqu'à la poussière de leur nom.
    Né de l'appel du devenir et de l'angoisse de la rétention, le poème, s'élevant de son puits de boue et d'étoiles, témoignera presque silencieusement, qu'il n'était rien en lui qui n'existât vraiment ailleurs, dans ce rebelle et solitaire monde des contradictions.

Le poème pulvérisé.

Tous ces extraits proviennent du recueil de René CHAR Fureur et mystère, nrf Poésie/Gallimard, 1999

Ah oui, j'oubliais, c'est aussi parce que cela me fait plaisir...

"...les hommes d'aujourd'hui (...) perdent, tout en se gardant vivants,
jusqu'à la poussière de leur nom."