De la schtroumf suédoise !

Je crois que certains en redemandent encore un peu de la schtroumf suédoise de Monsieur Tomas TRANSTRÖMER, alors en voilà...

Prélude (extraits)

L'éveil est un saut en parachute hors du rêve.
Libéré du tourbillon qui l'étouffe, le voyageur
tombe dans les zones vertes du matin.
(...)
Aux premières heures du jour, la conscience peut étreindre le monde
comme une main saisie une pierre chauffée par le soleil (...)

Le long du rayon

I

Le fleuve couvert de glace rayonne au soleil
ici, c'est le toit du monde,
le silence.

Je suis assis sur une barque renversée
déglutis la drogue du soleil
tournoie lentement.

II

Une roue s'étend à l'infini, elle tourne.
ici, c'est le centre. Il est
presque immobile.

Plus loin, on observe le mouvement : des pas dans la neige
l'écriture qui glisse le long des façades.

La circulation fourmillante des autoroutes
et la circulation silencieuse
des revenants.

Plus loin : les masques de la tragédie dans le vent contraire
et le vacarme de la vitesse - plus loin :
l'assaut

Où s'évaporent les derniers mots d'amour -
ces gouttes d'eau qui rampent
sur des ailes d'acier -

et des profils qui s'exclament - écouteurs décrochés
claquant l'un contre l'autre -
des kamikazes !

III

Le fleuve couvert de glace étincelle et se tait.
Ici, les ombres sont basses
et sans voix.

Jusque-là, mes pas n'étaient que des explosions souterraines
que le silence recouvrai de peinture
de peinture

Montagnes noires

Au virage suivant, l'autocar se détacha de l'ombre froide de la montagne,
tourna le mufle au soleil et rampa vers le col en hurlant.
Nous nous pressions dans l'autocar. Le buste du dictateur était des nôtres,
empaqueté dans du papier journal. Une bouteille passait d'une bouche à l'autre.
La mort, cette tâche de naissance, poussait plus ou moins vite chez chacun d'entre nous.
Et là-haut, dans les montagnes, le bleu de la mer a rattrapé le ciel.

Toujours à retrouver en poche chez Poésie/Gallimard...